Un article de Serge Granier

 

Anticorrida : pour quoi faire ?

Objectivement, le mouvement anticorrida sert à masquer la maltraitance des animaux. Les militants anticorrida sont les derniers à pouvoir le comprendre, mais c’est comme ça.

Il est indéniable que la corrida inflige des souffrances au taureau, même s’il est faux que les « aficionados » soient des sadiques. (Les souffrances du taureau n’ont aucune part dans la passion pour la corrida, qui tient à la vaillance dont font preuve le matador et le taureau dans l’affrontement prodigieux d’un homme à une force de la nature.)

Les races de taureaux de combat sont le contraire de nos bovins symboles de paix rurale et de nature domestiquée. Nous ne pouvons pas y voir des fauves, ce serait hérétique dans notre vision rousseauiste de la nature, dont l’écrasante domination humaine a fait une évidence depuis la civilisation industrielle, au moins dans les pays riches. Andalousie ou Normandie, nous ne choisissons pas, notre choix est déjà fait. Camembert et Vache qui rit font notre vérité, soigneusement orthodoxe.

Les taureaux sauvages sont laissés en permanence aussi libres que possible dans une nature également sauvage. Pour ce genre d’animaux, une vie de paradis sur terre. La plus heureuse de tous les animaux qui dépendent directement de l’homme. Puis, un tout petit nombre de taureaux est envoyé aux corridas pour un moment d’enfer où le taureau est tué après un combat de moins d’une heure.

La corrida est un symbole facile de maltraitance des animaux, puisqu’on ne voit que ce moment d’affrontement, sanglant et terminé par la mort. Mais est elle représentative ? Est-ce la maltraitance des animaux la plus grave ? La plus courante ? Celle qui nous concerne le plus directement ? Celle qu’il nous appartient le plus de supprimer ? Poser la question est y répondre.

Et, partout chez nous, en permanence, les MILLIONS d’animaux d’élevage qui passent LA TOTALITÉ DE LEUR VIE enfermés dans un espace réduit où il ne peuvent pas bouger, souvent sans voir JAMAIS la lumière du jour ? Et les millions d’animaux alimentés toute leur vie avec la même nourriture artificielle ? Et les millions d’animaux soumis à des traitements médicaux, antibiotiques, hormonaux ? Et les transports interminables d’animaux, à la chaleur ou au froid, sans mouvement possible, sans alimentation, sans boisson ? Et les conditions d’abattage ? Et tous les animaux saignés jusqu’à ce que mort s’ensuive sans étourdissement préalable sous de pieuses « raisons » ? Et certaines réalités de la chasse ? Et certaines réalités de la pêche ? Et les conditions dramatiques de vie ou de survie d’un nombre toujours plus grand d’animaux sauvages à cause de la dégradation ou de la disparition de leurs zones d’habitat, provoquées ou acceptées dans une inconscience voulue ?

On voit l’objection : les conditions de vie que nous faisons à l’ensemble des animaux sont rentables et sources d’emplois, alors que les corridas sont une maltraitance gratuite. En somme, les emplois « honnêtes » de chez nous valent mieux que les emplois « douteux » nécessaires ailleurs pour l’élevage des taureaux et l’organisation des corridas ? L’alimentation industrielle « raisonnable » ...et juteuse, vaut mieux qu’une passion « déraisonnable » et exotique ? Au fond, c’est le même système de raisonnement que d’autres nous assènent : le nucléaire « propre », son électricité « bon marché », ses emplois « honnêtes » ...et ses actionnaires, valent mieux que le « retour à la bougie », idée archaïque, non rentable, non pourvoyeur d’emplois, manie « déraisonnable » de péquenauds niais « naturellement » négligeables ? Partout, les jeux sont faits.

Faits, les jeux ? on peut parier que, comme c’est de plus en plus le cas à notre époque dite post industrielle, les femmes seront les premières à ébranler l’orthodoxie.

Les vies d’enfer de millions d’animaux, ça nous regarde, que nous le voulions ou pas. C’est une grande cause d’aujourd’hui. Elle est significative du monde que nous voulons. Il faut y mettre le nez. Demander des comptes. Exiger mesures et contrôles. Ici comme ailleurs. Dès maintenant.

Pour ne pas servir objectivement à masquer les maltraitances permanentes de millions d’animaux dont nous sommes tous responsables, le mouvement anticorrida doit jouer clairement un rôle moteur dans la prise de conscience de cette grande cause du monde actuel. Nôtre monde.

Sèrgi Granièr

7 juillet 2014

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