Passé, progrès...?

 

"L'homme peut aussi évoluer, à la préhistoire il était minoritaire, il a tué pour survivre..."

Doit-on être progressiste? Est-ce que l'éleveur de bovins à viande est un Cro-magnon? Dans les émissions TV l'intellectuel ergote sur les taureaux de Crète ce qui lui permet de trouver à travers la symbolique une base historique, culturelle et universelle à la Corrida... pour moi c'est un effet de manche, c'est tout.

Ma question, celle que je me pose, c'est: mais en quoi le passé peut-il être ou bien ou mal... n'est-ce pas le passé? Car enfin, La médecine enseignée par Hippocrate (-460 -370 av JC), revenue au XIX° est un progrès par rapport au XVIII°, mais la suppression du supplice à la roue, spectacle important en son temps nous semble normale, et évidente... alors que dans le même temps, dans des pays où la technique moderne fait rage, la lapidation est encore une norme.

L'étude des instruments anciens, tels que la cornemuse par exemple, devient un support de la musique d'aujourd'hui, très moderne...

Donc le passé n'est une référence ni bonne ni mauvaise en soi, l'évolution serait un choix, une accommodation du présent?

Donc penser que tuer un animal pour manger c'est de la préhistoire, et donc supposer que celui qui élève pour tuer n'a pas évolué depuis... serait très réducteur.

Lorsque nous sommes devant les arènes, la question du bœuf à l'abattoir nous est constamment retournée dans la gueule, or 98% de gens omnivores ne vont pas changer en un claquement de doigts, mais à 80% ils sont contre la torture spectacle, la mort lente et cruelle, le discours esthétique qui est autour des corridas. Oui, les gens font une nette différence entre ces deux choses et ce n'est pas non plus l'éleveur dans ses grand prés ou dans les alpages, celui qui laisse le veau sous la mère qui est le pire, bien au contraire! Mais il y a aussi une autre culture de la souffrance qui se cache derrière ces éleveurs, celle des élevages industriels sophistiqués, totalement honteux et impactants sur l'environnement, celle des abattoirs modernes et techniques qui n'ont plus comme normes que la productivité....

Comment peut-on dire que le taureau gracié est à l'honneur du matador, du public? Il  faudra à l'animal massacré de 3 à 4 semaines pour guérir (s'il survit) mais sa vie ne sera plus que celle d'un "semental", un donneur de sperme éjaculant dans des silouhettes de plastique... En fait sa grâce fait partie du commerce et de la continuité des corridas et elle sera un souvenir émouvant pour les touristes...

Le passé n'est pas particulièrement moral, mais le progrès ne l'est pas non plus, opposer hier à aujourd'hui ou s'inspirer de l'un pour justifier l'autre me semble un exercice périlleux.

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