Maubourguet, la passerelle vers l'abolition

 

 

 

Maubourguet 23 août 2014

 

 

 

160 manifestants anti-corridas

Jean-Pierre Garrigues l'avait dit à Bayonne, parlant de Rion des Landes en 2013, les services de police sont bien informés. Une fois de plus ils l'ont prouvé.

 

Car enfin, qui pouvait savoir que convergeaient sur Maubourguet, petite ville des Hautes-Pyrénées 160 manifestants? L'événement facebook n'en comptait que 60 et la plupart du temps beaucoup se désistent. En terme de véhicules cela représenterait environ 50 voitures, quelque chose de visible, mais je n'ai vu aucun contrôle routier, rien en ville non plus alors que nous sommes habitués à des parking sous surveillance.

 

 

Une avalanche de violence!!!

 

Maubourguet, des militants secourent l'un des leurs frappé à terre. En arrière plan on voit un CRS tenant une bombe lacrymogène.

L'emploi de gaz a été systématique - lire la revue de presse et voir les photos sur http://www.anticorrida.com/anticorridas-envahissent-arene-maubourguet.html

 

L'énigme de Maubourguet

Non, rien qui laisse supposer une minute l'importance du dispositif policier mis en place.

Or pour qu'une compagnie de CRS venant de Reims soit en position, il faut de bonnes raisons.

Est-ce la présence de Jean Glavany, ancien ministre, député, conseiller général, ancien maire de Maubourguet, soutien sans faille de l'actuel premier magistrat de la ville, Jean Nadal qui a mobilisé « par sécurité » un si gros dispositif? Si les conséquences n'étaient pas aussi dramatiques pour les blessés graves et les victimes de violences, cette seule pensée nous ferait sourire.

Le ministre Jean Glavany, est un amateur de corridas à qui la France doit la dérogation à la directive européenne 00/418/CE, qui déclare la viande de taureaux de corrida impropre à la consommation, mais que le ministre Glavany autorise par le décret du 20/12/2000 qui assimile la corrida à « un abattage d'urgence pour cause d'accident »

Pourtant c'est le député Glavany qui porte l'amendement qui modifie le code civil en indiquant que « les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les animaux sont soumis au régime des biens corporels ».

Nous y reviendrons en fin d'article.

Donc nous faisons face à Maubourguet à un dispositif plus important et plus structuré qu'à Dax le 16 août où pourtant plus de 500 manifestants étaient attendus, 10 fois plus que ce qu'annonçait l'action du 23 août. Rien de tel le même jour à Mimizan...

Un responsable tout désigné

Maubourguet serait-il un piège pour faire tomber le CRAC? Non, Jean-Pierre Garrigues est convoqué en tant que personne devant un tribunal correctionnel, les chefs d'accusation lui font encourir diverses peines, dont l'emprisonnement n'est pas exclu. Cependant l'énoncé des délits nous laisse perplexes...

Pour information:

- Avoir organisé une manifestation sans déclaration préalable: il s'agit bien d'une action citoyenne, aucun de nous n'a répondu à un appel à manifestation de Jean-Pierre Garrigues, pas moi en tous cas.

- Avoir entravé la circulation: Tout seul???? Il semble que l'ensemble des manifestants n'ait pas eu besoin de M. Garrigues pour entraver la circulation, souvent involontairement d'ailleurs.

- Avoir aux arènes de Maubourguet entravé la liberté du travail « avec menace »: présent dans l'entrée, je peux affirmer que les menaces étaient plus évidentes dans le public que je côtoyais et qu'il est évident qu'à l'intérieur des arènes ce même public est passé des menaces aux voies de fait avec violence.

- Avoir violé un arrêté municipal en utilisant un mégaphone et appelant au trouble public: Quel trouble public?

Je n'ai entendu que l'appel aux haies de déshonneur, nous sommes donc tous des délinquants puisque nous pratiquons tous ce type de manifestation de fin d'événement. Mais si nous sommes dans le délit, alors tous ceux qui clament, souvent avec violence, leur mécontentement, leurs revendications de tous ordres dans tous les rassemblements, les actions citoyennes, les manifestations qui se déroulent partout en France avec une grande diversité d'objet,

le sont aussi et donc la liberté d'expression est un délit.

Disproportions et dénis

Maubourguet est symptomatique d'un mal être français. Dans le même temps le gouvernement Vals démissionne. Dans un fief PS, berceau d'un ancien ministre, pro-gouvernemental, un éclairage médiatique sur ce qui serait un dérapage des autorités pourrait avoir de lourdes conséquences.

Or les réactions des forces de l'ordre sont disproportionnées à bien des niveaux. Désigner un coupable unique est maladroit, engager une action violente pour contenir et museler par la force l'expression des militants présents est une déplorable fuite des pouvoirs publics devant la réalité. Argumenter une présence policière pour la sécurité des manifestants en cas de confrontation avec un public « remonté » et laisser des militants isolés se faire tabasser peut sembler être une étrange conception du rôle de protection.

C'est une posture néfaste qui ne fait que retarder dans l'amplification du mécontentement l'échéance du changement de comportement face à la corrida et la suppression des dérogations dont elle bénéficie. Chacun sait que c'est inéluctable, d'autant plus que les coûts sont importants, que le public se raréfie et que la prise de conscience de la population est de plus en plus lisible et revendiquée.

En agissant ainsi les pouvoirs publics ne font qu'alimenter la polémique pro et anti corridas et surtout favorisent les propagandes taurines en laissant croire à leur légitimité alors qu'il ne s'agit qu'une légalité de façade, précaire (nous sommes en république, les lois changent, à plus forte raison les exceptions) et déjà mise en balance par les projets de loi d'abolition en cours et par la prise de position d'élus, notamment dans les régions taurines, contre la corrida.

Nous parlons de propagande car la vérité y est souvent déformée.

Ici aussi Maubourguet est un exemple, parmi d'autres, nous avons bien entendu des aficionados clamer que ces novilladas se font sans mise à mort!!! Qu'elles soient non piquées, nous voulons bien le croire mais se vanter d'avoir d'excellents toreadors pour un lot d'erales de qualité et nier qu'il y ait mise à mort est grotesque, nous le savons bien. Amener des enfants très jeunes, proposer des gratuités et donc promouvoir ces spectacles auprès d'un jeune public se fait au mépris de l'avis de l'UNESCO (entr'autre).

Nier la réalité de l'expansion de la contestation n'est qu'une posture, il y avait plus de 50 manifestants à Mimizan. 160 sont arrivés à Maubourguet dans le même temps, qui malgré les violences restent mobilisés jusqu'au milieu de la nuit... et qui n'ont pas besoin de leader, ni de mot d'ordre pour ça, puisque leur simple conviction suffit.

Maubourguet est le signe d'une vivacité du mouvement abolitionniste, la violence des civils contre le pacifisme des militants ne montre que l'essoufflement, la perte de vitesse du mouvement pro-corrida.

Les déclarations à Béziers de Robert Margé et de Robert Ménard parlant de rattraper les manques grâce au tourisme, voire grâce à la clientèle catalane « privée  de corridas » dans la Generalitat marquent bien le passage à une clientèle occasionnelle qui, de leur propre aveu, ne remplit pas pour autant les arènes puisque Margé déplore les seules 8000 entrées payantes de Bayonne dans le week-end du 15 août: une désaffection qui ne peut qu'alourdir les déficits déjà enregistrés. Bien que petites, les arènes de Maubourguet, elles non plus, ne semblent pas faire le plein.

On comprend donc l'exaspération des aficionados face aux militants abolitionnistes.

Or Maubourguet est aussi un symbole par Jean Glavany, porteur de ce fameux amendement.

Un changement sociétal

Cependant pour les juristes et avocats, l’amendement Glavany ne change rien de façon fondamentale, même s’il contribue à donner des gages aux associations de protection des animaux.

En revanche, une autre proposition de loi (Gaillard) n’a pas été encore adoptée, mais elle n’en met pas moins ce que le juriste Gilles J. Martin a appelé un « pied dans la porte ». Elle représenterait ainsi une menace potentielle dans un premier temps pour la corrida et certaines pratiques de chasse.

L’influence des associations de protection des animaux sur cette proposition de loi est sans doute palpable mais la question du statut juridique des animaux constitue, de fait, le symptôme d’un véritable phénomène de société, qui ne concerne pas seulement la France.

La proposition de loi Gaillard n’a ainsi pas été faite uniquement par des députés socialistes et écologistes, mais aussi par des députés UMP ou apparentés, la reconnaissance d’un statut et d’une sensibilité de l’animal est un phénomène assez généralisé dans les pays développés et notamment au sein de l’Union européenne.

Cette évolution semble être également confortée par de nombreux travaux scientifiques qui tendent à démontrer la sensibilité des animaux, notamment à la douleur. Nier désormais la souffrance du taureau dans la corrida devient une imposture intellectuelle.

Le risque majeur en France est la posture du refus d'adaptation à cette nouvelle donne ou de ne pas bien la saisir.

Ainsi que l’affirme Gilles Martin, « en disant « ne lâchons rien », on risque de tout lâcher ! »

La façon type « ligne Maginot » expérimentée à Maubourguet n’est donc certainement pas la bonne approche.

N'oublions pas que c'est par compromis avec d'autres pays attachés à d'autres « traditions » barbares que les amendements des anti-corridas sont rejetés aux commissions européennes.

Dans un article du novembre 2013 Midi-Libre cite l'euro-député natif des Pyrénées Atlantiques, Alain Lamassoure: Sur les 28 pays de la communauté, il n'y en a qu'un, l'Espagne, qui est profondément attaché à la corrida ("bien que la Catalogne..."), avec le Portugal et le Sud de la France, a-t-il dit. "Sorti de là, la corrida est au mieux inconnue, au pire qualifiée d'horriblement barbare."

 

Les quelques plazas du Sud de la France sont donc bien isolées et la violence opposée aux manifestants de Maubourguet ne va faire que renforcer cet isolement.

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