Un Foie Gras dans l'arène!

 

« Le Foie Gras et la Corrida, c'est pareil! »!

 

Ce n'est pas de moi, on ne prête qu'aux riches, mais de Jean Dauzère, ancien Président de la Chambre d'Agriculture du Gers que je rencontre à la Foire aux Sports et à la Culture à Auch.

 

Dit comme ça, ça semble un descriptif de protection animale, or l'opposition à la corrida se fonde sur le fait que la première phrase de l’alinéa 7 de l’article 521-1 du Code pénal, permet, par dérogation à l’incrimination des sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux prévue par l’alinéa 1er du même article le maintien de pratiques tauromachiques liées à la corrida.

 Nulle part la pratique de gavage ne fait dérogation, ni la pratique d'une alimentation carnée du reste.

 

Ce qui signifie que la pratique du gavage tombe sous le coup de la loi et que tout acte prouvé comme cruauté sera donc sanctionné au contraire de chaque acte de la corrida qui échappe à la loi.

 

C'est bien ce que clamait Jean-Pierre Garrigues à Vic-Fezensac:

 

« Nous ne confondons pas Corridas et gavage, ne nous prenez pas pour des imbéciles... » dénonçant en même temps la désinformation faite par le milieu des corridas auprès des gersois et la stigmatisation de la population.

 

Monsieur Dauzères fait donc un amalgame intéressant pour une personne qui est forcément « intelligente ».

 

Ce disant, affirme-t-il que, compte tenu de ses connaissances du milieu agricole, la pratique ACTUELLE, du gavage entre bien dans le champ d'application de l'article susdit et qu'il implique un fait d'exercice de sévices graves, ou d'acte de cruauté envers lesdits animaux de gavage? Je n'ai pas pu lui poser la question, il m'a quitté précipitamment.

 

Marketing et détournements

 

Il faut donc que, pour continuer, il y ait un enfumage du consommateur, de type marketing.

 Or que dit l'association gersoise pour la promotion du Foie gras?

 

Le Gers est le premier département producteur de foie gras traditionnel

La réputation gastronomique du Gers et de la Gascogne n’est plus à faire. Les gourmets savent qu’ici les oies et les canards nourris au maïs donnent un foie gras particulièrement fin. Sélectionner, élever et nourrir les oies et les canards font partis d’un savoir-faire qui s’est transmis chez les producteurs gersois de génération en génération.

 

Ecoutons Jacques Cassagne, agriculteur retraité: « les éleveurs industriels ont besoin de nous, les traditionnels, pour assurer leur image... »

et regardons la réalité:

 

C'est parce que la « production traditionnelle » a tendance à disparaître depuis les années 90 que le Gers peut se targuer d'en rester le premier département.

Dans la réalité la quasi-totalité de sa production est industrielle et ses marchés de gré à gré, malgré la quantité de producteurs qui s'y rendent, ont une tendance à s'écrouler par l'absence d'échanges avec les professions alimentaires gagnées en pourcentage de marché par la filière longue.

Le marché de Seissan, celui de Gimont le mercredi s'essoufflent, et c'est la vie locale qui s'étiole. Ces grands défenseurs de la ruralité participent à l'effondrement de la vie rurale!

Mais la prépondérance des filières "longues" a d'autres conséquences importantes, notamment sur la sélection du caneton qui va se faire dans le sens du débouché majoritaire.

L'association « Foie Gras » ne peut donc plus écrire «  Sélectionner » en parlant de transmission familiale.

Au marché de Condom, ce mercredi, une vieille dame disait à une autre « et surtout il te faut garder la souche, parce que les canes que tu achètes de 8 jours et que tu élèves, maintenant elles ne couvent plus leurs œufs ».

Il y a de toute évidence un travail de génétique sur les canards à gaver.

Est-ce que cela implique des méthodes de sélection et d'élevage qui sont justement à dénoncer?

Voilà le pavé que lance M. Dauzères!

 

Un président de combats

Or Jean Dauzères n'est pas n'importe lequel des présidents de la Chambre d'Agriculture du Gers.

Il a dû affronter la crise de la vache folle et une vraie déconfiture de l'agriculture gersoise qui s'est soldée par un constat: l'agriculture du Gers est condamnée à évoluer, soit par l'agrandissement, soit par la diversification dans les productions animales, soit par la pluriactivité
En 2002 les agriculteurs du Gers ont déjà fait une partie du chemin : selon le RGA de l'époque, 45 % d'entre eux sont pluriactifs. Mais quid de ceux qui ont choisi l'agrandissement ou... la production animale?

La production animale est basée sur la dynamique céréalière ou oléagineuse, une orientation donnée par Jean Dauzères à cette époque. Or le gavage est solidaire de la filière maïs.

Il y aura donc aussi dans le Gers un contentieux sur les ogm qui verra en septembre 2004 les affrontements de Solomiac...

L'orientation de l'agrandissement des exploitations est telle, que les tenants de la pluriactivté ont des difficultés à trouver des terres et que la filière bio avance moins vite que ce qu'elle devrait avoir tendance à faire dans un département principalement agricole et à la forte image de qualité.

Mais ce n'est pas tout, la filière maïs c'est aussi la gestion de l'eau et donc la perspective du développement des retenues pour l'irrigation, il semble que le grand acteur de la gestion de l'eau soit désormais la Compagnie d'Aménagement des Côteaux de Gascogne dont le président est francis Daguzan, retraité agricole et VP du Conseil général du Gers et dont on compte dans les Vice-présidents, Jean-Louis Guillaumon, maire de Marciac et vice-président du Conseil régional de Midi-Pyrénées chargé du tourisme , ainsi que le président de la Chambre d'Agriculture du Gers.

 

Corida et promotion

Mais que fait la corrida là-dedans?

L'Association Excellence Gers a été créée à l'initiative de Monsieur Jean Dauzère, Président de la Chambre d'Agriculture, en Juillet 1998.

Or le label qui en découle est éclectique et couvre un ensemble d'activités qui ne sont pas toujours liées à l'agriculture.

Mais « Excellence Gers » est surtout un vecteur de promotion à destination de la clientèle extérieure, en tant que tel l'association est donc présente là où se trouvent les touristes (festivals, etc..) et auprès des VIP susceptibles d'aider à la promotion des activités et produits.

En 2006 (nous donnons cet exemple parmi tant d'autres) Excellence Gers était à la Féria de Vic Fezensac. Les 3, 4 et 5 juin, Excellence Gers a animé un espace dégustation sur l’Esplanade des arènes et accueilli les aficionados. Sept producteurs engagés dans la démarche ont proposé des dégustations de leurs produits de qualité issus de sites qualifiés Excellence Gers :

-Miracle! Sur un site abonné à la promotion de taureaux de Lidia, aucun « produit » bovin, au mieux est mis en avant le Porc Noir gascon et... le Foie Gras!

 

Côté relations publiques, l’Espace VIP derrière les arènes est le lieu de rencontre des partenaires. Les cocktails organisés par Excellence Gers ont été offerts par le Comité du Floc de Gascogne et l’Association Foie gras.

 

Il y a donc bien connexion depuis longtemps entre le monde de la corrida et celui du foie gras, dans un sens de récupération de clientèle touristique et d'image, donc de marketing, basée sur l'altération du mot « tradition », car nous l'avons vu à travers ce texte, le « foie gras du Gers » s'est à 90% éloigné de la tradition dont il se réclame, plus de 80% de la production étant aux mains de seulement 450 producteurs, avec un groupement de producteurs, Vivadour. Or Vivadour poursuit aussi l’ambition d’une filière structurée. La réussite du modèle de structuration de la filière foie gras en alliance avec le pôle Landes Vendée et Gers autour de Delpeyrat fait ici valeur de référence. Ce pôle structuré a notamment repris la Comtesse du Barry, un des fleurons du Gers. L’outil abattage entièrement rénové par Vivadour des Fleurons de Samatan complète efficacement le dispositif de cette filière. Deux des entreprises privées présentées dans l'organigramme de production sont donc en fait des satellites d'un groupement de producteurs.

http://www.vivadour.coop/_layouts/Agreo/ListDisplayForm.aspx?List=c275ceb2-cb61-4e6e-9d2c-aea477a8140c&ID=20

Vivadour est présent à Cazaubon à travers la coopérative viticole... et à Riscle car son maire est le président du groupement de producteurs...

Nous avions l'intuition que l'article de la Dépêche du Midi

http://www.ladepeche.fr/article/2014/06/06/1895094-gers-doit-etre-uni-defendre-art-vivre.html

était une information sur un marketing de façade et que l'esthétique de la corrida, donnant la maltraitance animale comme un symbole d'un art de vivre avec l'argument des traditions, servait aussi à mystifier le client final.

La cruauté présentée comme une beauté, une symbolique qui n'est qu'à la portée de quelques initiés, permettrait de faire admettre dans les filières élevages et dans la gestion environnementale ce que la très grande majorité de la population rejette.

 

Jean Dauzères lance le foie gras dans l'arène! Et on le comprend, 75% des français sont contre la corrida et ils ne sont pas tous végétariens, loin s'en faut! Alors, comment réduire les contestataires au silence si ce n'est en les culpabilisant? La corrida? C'est de votre faute, vous mangez du foie gras! Et si nous étions un peu plus curieux de cette filière agricole?

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Gers Corrida est un collectif gersois qui a pour but l'abolition de la Corrida dans le Gers et plus généralement en France


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